Membre de l’Association des Ecrivains du Sénégal, cette jeune femme si douce et si discrète est pétrie de talents cachés : conteuse, chanteuse, poète… assistante de
Direction !...
Sur scène, elle mime, chante, raconte les mythes et les traditions de la Mère Afrique comme une offrande faite avec une générosité peu commune.
A son auditoire, elle offre un répertoire de plus de quarante contes traditionnels illustrés par des chansons, revisités dans un souci pédagogique et traduits en plusieurs langues
nationales.
Dieynaba est membre de l’Association « LEEBOON CI LEER », Association des Conteurs du Sénégal qu’elle accompagne lors des veillées de contes organisés dans divers milieux culturels de la Capitale (Dakar) ou dans les différentes régions.
En outre, elle a eut à assurer l’animation d’émissions enfantines à la télévision nationale.
Ses prestations sont très prisées et elle intervient à chaque fois que son agenda le lui permet : Ababacar Laye pour un week end culturel, des
écoles privées catholiques, le centre culturel Blaise Senghor, les Rencontres sur le Fleuve, La Fête du Livre de Saint-Louis, le Salon du livre du Projet qualité ( Ministère de l’Education
Nationale)… pour ne citer que les endroits où j’ai pu avoir le privilège de la voir à l’œuvre et d’écouter, à travers sa voix, l’Afrique profonde, la Sagesse ancestrale...
Qui êtes vous
Dieynaba?
_Je suis née il y a plusieurs années à Kolda dans le Fouladou-Pakao.
Ma région natale est située au Sud – Est du Sénégal, bien encadrée au nord par la Gambie, au Sud par le département de Vélingara, pas loin de la République de Guinée, à l’Est par le département de Sédhiou et à l’Ouest par la Guinée-Bissau.
La culture dans cette région est très influencée par celle de la Guinée Bissau, de la République de Guinée et du Mali.
Je parle les principales langues de ces pays de la sous région et je sais dire le conte en Mandingue, Peulh, Wolof et français.
Je
voudrais dire aussi que le sort de l’enfant étant lié à celui de la femme, je me bats également pour le développement de la femme et en ce sens, j’ai créé à Kolda un GIE regroupant plus de
100 femmes, groupement qui en surprend aujourd’hui, plus d’un par son savoir-faire et sa détermination.
Mme Dieynaba Gueye est écrivain. Nous vous présentons ci dessous son recueil de poésies et son livre de conte paru en 2008.
LES SEINS PERDUS DE LA BELLE PRINCESSE _ CONTE paru en 2008
1. Comment en êtes vous arrivée à devenir conteuse ?
Par amour du conte.
Toute petite, j’ai eu le conte tous les soirs. J’allais rarement au lit sans avoir écouté au moins un conte.
2. Vos contes sont ils puisés de la tradition orale ou inventés par vous?
La majorité de mes contes sont tirés de la tradition. J’ai eu des contes du Fouladou-Pakao, mais aussi de la Gambie et de la Guinée. Mais je ne pouvais pas plaquer ces contes exactement comme je les ai eus, les temps ont changé, les mentalités aussi.
Par contre, il y en a que j’ai créés moi-même.
3. Avez-vous été formée ou initiée?
Quand j’allais écouter le conte, j’y retrouvais beaucoup d’autres enfants. Ils les ont tous oubliés. Pourquoi ? Je ne sais pas trop. Quand j’ai commencé à écrire ces contes et que j’appelais ces amis d’enfance pour me rappeler certains passages oubliés, ils pouffaient de rire en me disant : « toi tu penses encore à ça ? J’ai tout oublié, moi ».
Il est vrai que ce n’est pas évident de pouvoir se rappeler après 30, 40 ans, d’autant plus que le conte a pris un mauvais tournant, la voie de la disparition. Par amour,
je n’ai pas oublié. C’est donc seulement l’amour qui m’y a formée, mais grâce à deux personnes que jamais je n’oublierai : la vieille Mansata et Malang NDIAYE qui ont égayé mes jeunes soirées.
4. Vous intervenez beaucoup au niveau de la jeunesse. A quoi peut servir le conte en 2009?
Le conte est un moyen insoupçonné d’éducation. Il ne s’adresse à personne en particulier, mais les enfants s’y retrouvent et, inconsciemment, s’identifient au héros plébiscité. L’enfant qui écoute assidument le conte ne grandira pas sans les valeurs qui feront de lui un citoyen modèle.
5. Le Griot, conteur lors des veillées collectives dans l'Afrique traditionnelle, pouvez vous le présenter à nos lecteurs?
Le conte n’est pas une affaire de griot ou d’artiste. Il doit être dit à tous les niveaux de la société. Chaque père de famille, chaque mère de famille, et donc, chaque parent et grand parent, du président de la république au plus petit vendeur de caaf (arachide grillée) doit dire le conte pour ses enfants et petits enfants. Il n’y a donc pas d’accoutrement approprié pour dire le conte. Il se dit dans la case, au salon, dans la cour ou sous l’arbre à palabre. A l’heure du conte, tout le monde est griot, le griot est tout le monde. Maintenant, quand on adore le conte comme moi, on peut en devenir un ambassadeur autoproclamé et décider de lui donner une autre dimension.
6. C'est l'ère de l'internet, la tradition orale ne perd cependant pas le fil et s'adapte...Quand allez vous mettre vos
productions audio en ligne?
Heureusement ! Sans l’audio, j’aurais eu beaucoup de mal avec la publication de mes petits livres de conte car ils sont presque tous accompagnés de chansons.
Je suis entrain de me battre pour enregistrer mes contes au fur et à mesure que les livres sortiront car les deux doivent aller de paire.
Merci Mme Dieynaba Guèye. Nous nous retrouverons à Gorée lors du Festival du conte pour une couverture de l'événement.