«
Lilou Stevens, l’Africaine.»
Une Saga historique Afro-Américaine :
De Freetown en 1887 au Sénégal
après les indépendances.
MARIE LOUISE SOCK
RESUME
La traite et l’esclavage semblent appartenir au passé, une amnésie
volontaire qui ne peut perdurer.
L’abolition de l’esclavage en 1793, considérée comme une victoire du peuple noir contre la violation de ses droits et la
ségrégation raciale n’a, en fait, que posé les premiers jalons de difficultés, conflits et combats prévisibles tous comptes faits et incontournables.
Aux USA, cette abolition ne concerna pas tous les états de prime abord. Le gouvernement fédéral ne pouvait intervenir
dans les affaires locales, vu l’autonomie de chaque état au sein de l’union. Il ne pouvait donc abolir l’esclavage, admis dans la constitution de certains états.
Dans le sud, les enjeux économiques énormes de la filière du coton furent la cause du délai limite fixé à vingt ans pour
permettre aux propriétaires terriens de prendre leurs dispositions. La tension était grande entre abolitionnistes et esclavagistes.
Ce n’est qu’en 1863 qu’une proclamation déclara publiquement les esclaves libérés pour toujours malgré l’intransigeance
et le caractère raciste des sudistes. L’avenir des anciens esclaves pose alors problème. Il est question, pour certains, de les envoyer ailleurs former des Républiques Noires alors que d’autres
prônent une tentative de coexistence.
En 1869, le droit de vote est accordé aux Noirs par un amendement de la constitution et le Ku Klux Klan se constitue
pour rendre toute participation des noirs aux élections impossible.
En France, le décret historique du gouvernement provisoire de 1848 avait déjà aboli l’esclavage dans les colonies et
possessions françaises.
Aux Antilles, Toussaint Louverture inscrivait son nom dans l’histoire de l’esclavage et de la Négritude. Ancien esclave
devenu empereur, la liberté de son peuple s’acquiert par la violence, le combat.
En Afrique enfin, deux nations sont créées par d’anciens esclaves : le Libéria et la Sierra Léone.
Motivés par le mythe du retour sur la Terre Mère des Ancêtres, d’anciens
esclaves s’installent tant bien que mal sur la côte ouest africaine, aidés par des abolitionnistes philanthropes et militants (Grandville Sharp…) qui firent pression sur le gouvernement
britannique.
Cependant, en terre d’Afrique, un climat de suspicion s’installe entre autochtones d’une part et esclaves affranchis ou
descendants d’esclaves d’autre part.
En 1898, la Hut Tax War fut un épisode sanglant de la vie en Sierra Leone
durant lequel des créoles commerçants, des missionnaires et des officiers furent tués. Un état nation se crée pourtant, tant bien que mal, malgré les
exactions du colonisateur, tentant une prise en compte impartiale des intérêts des différentes communautés qui se cotoient, ce qui se révèle être une tâche très difficile.
Les « créoles » sont appelés « Black english », avec une connotation très péjorative. Les deux
entités vivent dans des quartiers séparés. Certains esclaves affranchis optent pour un repli, vivant en vase clos. Ils reproduisent en terre d’Afrique un mode de vie américain, imitant
l’architecture de leurs anciennes demeures, conservant les modes vestimentaires, etc... Leurs enfants acquièrent une éducation européenne, chrétienne de préférence, dédaignent le mode de vie
africain et les « superstitions ». L’Angleterre, à cette époque, devient leur seconde nation. Ils y passent leurs vacances et y complètent l’éducation et l’instuction donnée à leurs
enfants.
D’autres, par contre, s’intéressent à l’Afrique et tentent une intégration économique, sociale, politique et culturelle.
Pas évident non plus comme approche, convenons en…
Mon livre, une fiction historique, a pour objectif majeur d’être un document d’histoire attrayant, présenté sous forme
de Saga familiale. Celle-ci commence à Freetown en 1887 et se poursuit, au fil des chapitres, en Gambie, au Sénégal (Gorée, Dakar, Saint Louis) de l’après indépendance.
Nous abordons les thèmes de l’esclavage, de son abolition, du devenir des esclaves libérés et de leur descendance, de
leur intégration en Afrique, de la colonisation, de l’organisation économique du Sénégal avec le commerce Bordelais, des indépendances avec nos
micro-états en construction alors que quelques siècles plus tôt, l’empereur Soundjata Kéita avait réussi à fédérer des royaumes et à construire un énorme empire en Afrique de
l’ouest.
A Freetown, au premier chapitre, un chasseur Mandé est chargé par la confrérie secrète des chasseurs, d’aborder ces
afro-américains revenus sur la Terre Mère. L’objectif est de les « apprivoiser » afin de les mener peu à peu vers l’initiation, passage
obligé pour qui veut connaître la culture africaine.
Après cette première initiation, le chasseur devra organiser des cours d’histoire bien structurés et adaptés au degré de
compréhension et de réception sur le plan ésotérique de ses élèves. Les thèmes abordés par ce chasseur professeur d’histoire sont : la cosmogonie, le monothéisme, le polythéisme, les
migrations, le commerce transsaharien et la traite des esclaves, l’art africain, les symboles géométriques et leur signification ésotérique, l’Egypte antique, l’unité linguistique en Afrique, le
rôle des griots, la transcription des langues africaines, l’organisation économique et sociale de nos royaumes et empires…Condernant l’empire du Mali, il s’agira de mettre en évidence la Mandem
Kalikan (serment du Mandé), charte qui régissait la vie des chasseurs et qui date de 1222, époque où l’empereur Soundjata Keita régnait sur cet
empire. Une parenthèse sera aussi faite sur les griots, leur rôle, leur place dans la société noire africaine.
On ne peut construire l’avenir si on ne connaît pas le passé. Indéniable…
Cette saga aborde le thème de l’esclavage, la représentation que l’on se fait de l’esclave dans la société africaine,
arabe, européenne et américaine. Un travail sur le concept de race et d’identité est aussi fait ainsi que sur les catégories de désignation de l’homme noir. La clarification de certains concepts
et une meilleure connaissance de l’évolution sociologique de l’Afrique ont été un apport considérable.
Concernant l’Afrique de l’ouest, on en sait plus sur cette confrérie des
chasseurs : leur mode de vie, leur formation, les vêtements, les armes, les méthodes utilisées pour chasser et pour pêcher (au harpon), l’organisation et la localisation des sites
importants, l’enseignement ésotérique… Cette confrérie était régie par la « Dansolu Kalikan « ( serment du Chasseur). Aujourd’hui, des « Gardiens de Temple » qui ont accepté
de lever le voile sur l’Histoire, celle qui se transmet sous le boisseau par le biais de l’initiation. Notre devoir est de transmettre à nos enfants le socle sur lequel l’Afrique doit être
construite.
La suite de la Saga historique se déroule à Dakar, Gorée et Saint Louis.Une documentation importante a pu être réunie
sur les thèmes de la colonisation, du commerce ( surtout Bordelais avec les négociants en vins basés à Saint Louis), de la décolonisation et du Sénégal des indépendances.