Pourquoi l’Homme a-t-il éprouvé le besoin de créer des mythes ? Sont ils nés du besoin de connaitre le monde, d’en élucider le mystère ou d’une envie de le recréer différent ?
Les mythes de création ou cosmogonies racontent l’histoire du monde, celle de l’homme pour lui tracer une voie à suivre en ce bas monde. Ils situent tous l’avenir de l’homme dans le passé.
Dans ces récits mythiques, il y a des chemins, qui se croisent, s’entrecroisent, s’écartent ou se confondent. Ils sont peuplés de figures divines, humaines, animales, angéliques, démoniaques, féeriques ou monstrueuses. Ces etres vivent des situations extraordinaires, se tirent d’affaire devant des obstacles inattendus, inextricables, rocambolesques parfois.
Mais ces figures mythiques ont toujours un sens symbolique. Le dragon, le serpent symbolisent une épreuve courante, quotidienne à laquelle il faut faire face. Les sirènes représentent la tentation. La chimère ? C’est le reve utopique. Tous les habitants du pays du mythe représentent une partie de nous-mêmes.
Le mythe veut aussi dire qu’il n’y a pas de frontières entre le monde humain, le monde animal, tous deux appartenant au meme ensemble vivant. Humains, animaux et végétaux deviennent consanguins. On pourrait meme aller jusqu’au monde des étoiles puisque nombre de héros et héroines accèdent à l’immortalité sous forme de constellation.
Dans les mythes grecs, égyptiens, les dieux revetent une forme animale pour apparaitre aux yeux des hommes. Quelle leçon de modestie et de grandeur !
LA DEESSE TERRE
Elle préside aux premiers enfantements du monde et n’a cessé de se rapprocher des hommes en se muant en un etre anthropomorphe. Elle devient Femme. Une femme gigantesque, à la dimension de la planète. Sa chair est le sol ; ses os sont les pierres ; ses cheveux, les plantes et les arbres ; son sang, les fleuves qui la parcourent ; sa matrice, les immenses cavernes soutteraines où s’élabore la genèse des etres.
Elle est source inépuisable de vie. Chaque grain, chaque plante possède sa forme, sa fonction, son devenir propre. Les richesses dont elle regorge son exploitées avec sa permission.
Les civilisations agraires ( Sumérienne, mésopotamienne, Grecque ) tiennent la Terre pour la Mère par excellence. Ils prient avant de la blesser avec le soc de la charrue, avant de moissonner.
Nombre de fondateurs ont été abandonnés à la terre à leur naissance. Ils ont été élevé par leur Mère naturelle et grace à son concours, ont eu un destin exceptionnel.
C’est de là que vient le mot Homme. L’Homo est né de l’Humus de la Terre.
L’EAU
Pour que la Terre puisse enfanter, produire, il faut un principe générateur. Il arrive qu’elle enfante elle-même, à partir de sa propre substance, génération spontannée par l’humus, le limon. Mais cette génération n’est pas si spontanée que cela. La Terre, matrice supreme, reçoit la semence de vie et la mène au terme de la maturation. Cette semence est identifiée à la pluie.
Dans la plupart des grands mythes de la création du monde, l’eau est un élément existant. Elle correspond au chaos primordial : Apsou Sumérien, Noun Egyptien…
Apsou Dieu de l'eau douce.
De tous les éléments constitutifs de l’univers : air terre, feu, eau, ce dernier est le seul à etre immatériel et uniforme. C’est un élément doué de pérennité, une
fontaine d’immortalité.
Elle prend l’apparence d’un serpent d’un cheval, d’un etre andromorphe : nymphe ou naiade ; d’un etre hybride : centaure.
L’aube, midi, le crépuscule, sont les heures d’apparition des dieux. La source quitte alors son lit pour se meler à la danse de la lumière et des
formes. C’est aussi le pourquoi des eaux curatives et sacrées.
LE FEU
Les mythes qui en ralatent l’origine peuvent se grouper en trois catégories :
_ Bienveillance et générosité d’un Dieu qui le transmet à l’homme. Cette transmission se fait souvent par
l’intermédiaire d’un oiseau. Chez les Grecs, Zeus est le roi des Dieux, le maitre de la foudre, le lanceur d’éclairs.
Dieu du Tonnerre
_ Don d’un héros bienfaiteur qui le dérobe au ciel pour le transmettre aux hommes. Mais il transmet un feu différent de la foudre. C’est un feu domestiqué, qu’on peut conserver et transporter.
Titan le transporte au coeur d’une plante sacrée, la Grande Férule dont la moelle, une fois enflammée, se consume très lentement sans bruler l’écorce qui l’entoure.
LA GRANDE FERULE
_ Par le biais du silex ou du bois male ( Laurier) qu’on fait pivoter sur du bois femelle (grenadier). Certains arbres privilégiés par les dieux recoivent la foudre plus souvent que d’autres
(chène).
LAURIER GRENADIER
CHENES
LE SOLEIL
Il se lève le matin, se couche le soir. Ce continuel passage de l’ombre à la lumière, de la lumière à l’ombre avec ses phases successives : l’aube, le zénith, le soir, l’homme a mis des siècles à le prendre pour naturel. La permière image qui vient à l’esprit quand on pense au soleil, c’est celle du feu céleste, un immense brasier qui brule dans les profondeurs de l’espace. Mais ce feu, comment brule t il ? D’où tire t il son énergie ? Pourquoi disparait il chaque soir pour renaitre le matin ?
En Egypte, le soleil a toujours joué un role primordial sous le nom de Ré , Amon, Aton et parfois Horus. La barque qui tire le dieu soleil est toute en or, elle est construite par les dieux et est longue 770 coudées. Les étoiles forment son équipage, tous les grands dieux l’escortent car ce Dieu gouverne l’univers.
Chez les Grecs, le char du Dieu Soleil est tiré par des chevaux de feu qui suivent la route étroite du zodiaque parsemée d’épreuves et d’embuches. C’est là aussi, un Dieu juge, législateur supreme, garant de la justice, de l’ordre divin, un roi de l’univers, un roi-soleil…
LA LUNE
Différente du soleil, plus proche de la terre, plus petite, rayonnante d’une lumière plus faible, elle joue un role moins majestueux.
Elle commande aux forces nocturnes. Elle ne reste jamais intacte. Chaque mois, elle diminue, change de forme, se mue en un croissant aux cornes menaçantes et disparait trois jours pour réapparaitre. Cycle de disparitions et de réapparitions sans fin… Morts et ressurections périodiques.
La lune gouverne la mort et l’immortalité. C’est l’astre qui gouverne les épreuves, les calvaires, les initiations avec leur lot de sagesse et de révélations.
Les textes les plus anciens, ceux de Summer et ceux de l’Egypte ont exalté les pouvoirs subtiles de la déesse lune. Tout ce qui subit un rythme est associé à la lune : les eaux (marées), les plantes, les femmes, la mort, l’immortalité. Le Dieu lune avait son sanctuaire et ses rites.
Le Dieu Osiris, comme la lune, meurt pour ressuciter le 3 eme jour.
La Lune, Déesse, séduit les hommes…
FLEURS ET PLANTES
Les fleurs et plantes sont très présentes dans les récits myhtiques.
La myrrhe : Myrrha fut transformée en
arbre pour avoir provoqué une relation inceste avec son père dont elle était tombée amoureuse. De cette union naquit un fils mais elle le mit au monde avant d’avoir été complètement transformée
en arbre.
La Jacinthe :
Jadis blanche, elle est tachée par le sang d’Ajax qui se répandit sur elle et lui donna sa coloration rouge.
L’Anémone : Idem pour cette fleur qui, elle, doit sa coloration rouge au sang d’Adonis
L’Hibiscus : Quant à
lui, est teinté par le sang de la première femme soumise au cycle menstruel.
Les Roses : Doivent leur coloration rouge à
Aphrodite qui se piqua à une épine.
La Narcisse : Elle cherche dans l’eau le reflet de son ancien visage humain.
La Daphnée :
Daphnée n’était guère portée vers les hommes. Apollon la vit et tomba follement amoureux. Elle refusa ses avances. Le Dieu la poursuivit. Elle pria Zeus de l’aider. Il la transforma en Laurier
Sauvage. Apollon n’en continua point de l’aimer.Le Laurier resta la plante en usage dans les cultes d’Apollon.
Les Trembles et les Peupliers : Deux soeurs, (Héliades et Méléagrides) pleurent la mort de leur frère (Phaéton et Maléagre). Apollon, ému par leur tristesse, les transforme en
arbres frémissants.
La Mandragore : Elle serait née du sperme d’un pendu… Elle pousse un cri perçant qui tue celui qui la cueille. Elle favorise les reves
prémonitoires et l’Amour.
En savoir plus ? Lire le Dictionnaire amoureux de la Mythologie de Jacques Lacarrière.
Jacques Lacarrière (1925-2005)
ü Écrivain
ü Poète
ü Traducteur (du grec)
ü Grand voyageur
ü Né à Limogne en 1925, il a passé toute sa jeunesse à Orléans
ü licence de lettres classiques à la Sorbonne, à Paris
ü Parallèlement, il suivait des cours de grec moderne et d'hindi à l'École des langues orientales.
ü 1947, premier voyage en Grèce
ü Juillet 1950, il part pour la première fois seul en stop. Voyageant la plupart du temps à pied, il est vu comme l'un des précurseurs de la mode de la randonnée, ou des premiers « routards ».
ü Helléniste passionné, il séjourne en Grèce de 1952 à 1966 et découvre la culture grecque moderne.
ü La publication de L'été grec dans la collection Terre humaine en 1976 qui le fera connaître comme écrivain.
ü Mais déjà en 1973, il avait fait paraître Chemin faisant racontant une traversée de la France, un ouvrage qui a été réédité près d'une vingtaine de fois.
ü Il a publié plusieurs traductions du grec ancien, notamment : Pausanias, Promenades dans la Grèce antique (Hachette, 1978), En cheminant avec Hérodote (Hachette, 1998), Orphée, Hymnes et discours sacrés (Imprimerie nationale, 1995), Sophocle, 'dipe roi, 'dipe à Colone, Antigone (Le Felin, 1994).
ü Il a aussi contribué à faire connaître en France, en les traduisant, un grand nombre de poètes et prosateurs grecs contemporains parmi lesquels Vassilikos, Taktsis, Séféris, Elytis, Ritsos, Frangias, Prévélakis…
ü Agnostique déclaré, il a séjourné longuement au Mont Athos et écrit plusieurs livres de spiritualité.
ü Jacques Lacarrière est mort en
septembre 2005 des suites d'une opération banale du genou, lui qui a tant marché tout au long de sa vie. Il était marié à la comédienne d'origine égyptienne Sylvia Lipa. Dans ses dernières
volontés l'écrivain a souhaité être incinéré, et que ses cendres soient dispersées en Grèce.
Bibliographie
Dictionnaire amoureux de la Grèce (Plon, 2001)
Un jardin pour mémoire (Nil, 1999)
La poussière du monde (Seuil, 1998) : roman
Ce bel et nouvel aujourd'hui (Ramsay, 1998) : lectures pour le temps présent
Grèce vue du ciel (Gallimard, 1996)
Visages athonites (le Temps qu'il fait, 1995)
L'enfance d'Icare (Syrmos, 1995)
Les gnostiques (Albin Michel, 1994)
L'envol d'Icare (Seghers, 1993)
Chemins d'écriture (Plon, 1991)
Alain-Fournier, ses demeures (C. Pirot, 1991)
Sourates (Albin Michel, 1990)
Le Livre des genèses (P. Lebaud, 1990))
Ce bel aujourd'hui (Le Grand Livre du Mois, 1989)
La Cappadoce (Hatier, 1988)
À la tombée du bleu (Fata Morgana, 1987)
En suivant les dieux : le légendaire des hommes (Hachette, 1986)
Lapidaire (Fata Morgana, 1985)
Chant profond de la Grèce (LARC, 1982)
Abécédaire du temps passé (Rouge et or, 1982)
Le pays sous l'écorce (Le Seuil, 1996)
Les Inspirés du bord des routes (Le Seuil, 1978)
Gens du Morvan (Chêne, 1978)
L'Aurige : poème (Fata Morgana, 1977)
L'été grec (Plon, 1976)
Chemin faisant (Fayard, 1973) : mille kilomètres à pied à travers la France,
Les Mille et une portes (Balland, 1973) : conte
La Cendre et les étoiles (Balland, 1970)
Promenades à Moscou et à Léningrad (Balland, 1969 )
Promenades dans la Grèce antique (Balland, 1967)
La Grèce des dieux et des hommes (Union latine d'éditions, 1965)
Les Hommes ivres de Dieu (Arthaud, 1961)